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Gueule de bois
Il est 10h
il n’y a personne
j’ouvre mon sac
le plan Vigipirate est partout
croissants, brioches, pastèques
je me suis trompée
il n’y a rien ce matin
c’est vide
les plantes vertes
sont seules
contre le béton
la femme de ménage
passe récupérer ma tasse de café
elle chante
son sac poubelle fait un bruit agréable
elle va vers les grandes baies vitrées
et puis
elle passe son torchon sur les vitrines de l’exposition
le monsieur de la sécurité
contemple les murs
il sourit
un autre monsieur de la sécurité
reste assis sur une chaise
il écoute
hier
l’espace était rempli
de danseurs
de campeurs
de corps
de sueur
de transpiration
de circulation
de musique
aujourd’hui
c’est la gueule de bois
la distribution proportionnelle
du corps
n’est plus là
trois campeurs émergent
la femme de ménage
passe récupérer ma tasse de café
je l’entends chanter
son sac de poubelle
fait toujours un bruit agréable
les campeurs finissent la pastèque
Texte écrit pour Radio Camping dans le cadre du Festival Camping au Centre National de la Danse, juin 2017